Avant de prendre ma plume, je me suis agenouillée devant la statue de Marie: celle qui a donné à ma famille tant de preuves des maternelles préférences de la Reine du ciel ; je l'ai suppliée de guider ma main, afin de ne pas tracer une seule ligne qui ne lui soit agréable............

Comme le dit saint Paul:" Dieu a pitié de qui il veut, et il fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde. Ce n'est donc pas l'ouvrage de celui qui veut , ni de celui qui court , mais de Dieu qui fait miséricorde." Thérèse de l'Enfant Jésus

mardi 13 septembre 2011

Source d'Eau Vive ( 2 )

La seconde propriété de l'eau est de laver ce qui est sale ..........

Sans eau pour nettoyer , dans quel état serait le monde !!!

Or , sachez-le , il y a autant de vertu dans cette eau vive , dans cette eau céleste , dans cette eau claire , quand elle est très limpide et sans aucune fange , et qu'elle tombe du ciel ; il suffit d'en boire une seule fois, et je regarde comme certain qu'elle rend l'âme nette et pure de toutes ses fautes .
Car , ainsi que je l'ai dit , cette eau , je veux dire l'oraison d'union , est une faveur entièrement surnaturelle qui  ne dépend point de notre volonté .
Dieu ne la donne à l'âme que pour la purifier , la rendre nette , et la délivrer de toute la fange ainsi que de toutes les misères où ses fautes l'avaient plongée .

Les douceurs dont nous jouissons par l'entremise de l'entendement dans la méditation ordinaire seront , malgré tout , comme une eau qui coule sur la terre .
On ne la boit pas à sa source même ; elle rencontre forcément des impuretés sur sa route , auxquelles nous nous arrêtons ; elle n'est plus aussi pure , aussi limpide .
Le nom d'eau vive ne convient donc pas , d'après moi , à cette oraison que l'on fait lorsque l'on discourt à l'aide de l'entendement; car l'âme a beau faire des efforts , elle s'attache toujours , malgré elle , à quelque chose de terrestre , entraînée qu'elle est par son corps et la bassesse de sa nature .

Je veux expliquer davantage ma pensée .
Nous méditons sur le monde ou la fragilité de ses biens pour les mépriser ; et , sans nous en douter , nous nous occupons de plusieurs choses qui nous plaisent en lui .
Nous souhaitons les fuir , mais nous nous arrêtons au moins quelque peu à la pensée de ce qui a été, ou sera , de ce que nous avons fait ou de ce que nous ferons ; il en résulte alors qu'en songeant à nous délivrer du danger , nous nous y exposons parfois de nouveau .
Ce n'est pas à dire qu'il faille renoncer à ces considérations ; mais il faut nous tenir dans la crainte et ne pas cesser d'être sur nos gardes .

Ici , dans l'oraison surnaturelle , le Seigneur se charge de ce soin , parce qu'Il ne veut pas de fier à nous sur ce point .
Telle est l'estime qu'il a de notre âme que , dans le temps où Il se réserve quelque faveur , Il ne la laisse pas se mêler de choses capables de nuire à son progrès.
Dans l'espace d'un instant , Il la met à ses côtés , et Lui révèle plus de vérités , Lui communique sur toutes les choses du monde des connaissances plus claires qu'elle n'aurait pu en acquérir après bien des années , parce que notre vue n'est pas dégagée et que nous sommes aveuglés par la poussière de la marche .
Mais dans l'oraison surnaturelle , le Seigneur nous transporte au but de notre course , sans que nous sachions comment.

Thérèse d'Avila

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