Avant de prendre ma plume, je me suis agenouillée devant la statue de Marie: celle qui a donné à ma famille tant de preuves des maternelles préférences de la Reine du ciel ; je l'ai suppliée de guider ma main, afin de ne pas tracer une seule ligne qui ne lui soit agréable............

Comme le dit saint Paul:" Dieu a pitié de qui il veut, et il fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde. Ce n'est donc pas l'ouvrage de celui qui veut , ni de celui qui court , mais de Dieu qui fait miséricorde." Thérèse de l'Enfant Jésus

lundi 14 novembre 2011

L'oraison ............

Père Balthasar Alvarez



Je me place respectueusement devant Dieu , dont la présence m'est manifesté intérieurement et extérieurement , non en passant , mais d'une manière permanente et comme par habitude , et je me réjouis avec Lui.

Tel est , je crois , l'enseignement de saint Thomas , où il dit que l'attention des commencements , de ceux qui sont en progrès et des parfaits , doit être principalement de se tenir unis à Dieu , pendant cet exercice , cependant avec certaines différences qu'il a soin de marquer.
Quoique les parfaits , dit-il s'appliquent à profiter dans la charité , ce n'est pourtant pas là leur principale étude , ils s'occupent davantage à s'attacher , et à jouir de Lui , les commencements , au contraire , et ceux qui sont en progrès , tout en tendant au même but , mettent cependant plus de sollicitude , les uns à éviter les péchés , les autres à perfectionner leur vertus . Pour éclaircir cette doctrine , il cite en exemple , le mouvement d'un corps qui d'abord s'éloigne d'un terme , ensuite s'approche de l'autre , et enfin prend son repos .

Le même saint docteur , traitant de la manière dont les saints jouissent de Dieu dans le ciel , dit qu'il faut en faire autant sur la terre , et viser à cela dans toutes nos actions , parce que cette jouissance de Dieu est notre vrai bien . Il s'appuie même d'un passage d'Isaïe , qui dit que le Fils de Dieu nous a été donné , afin que nous jouissons de Lui , même dans la vie présente .

Que faut-il de plus pour condamner l'aveuglement et la folie de ceux qui cherchent avec anxiété , se désolent de ne pas le trouver , et crient vers lui dans l'oraison ,afin qu'il les entende.
Ils oublient sans doute qu'ils sont des temples vivants où la Majesté de Dieu réside , comme l'enseigne l'Apôtre . Voilà pourquoi ils cherchent au loin ce souverain bien qu'ils possèdent , et se tourmentent au lieu d'en jouir , ce qui dépend d'eux . Il résulte de là que leurs oeuvres ne sont pas aussi parfaites qu'elles pourraient l'être .

Quoiqu'il soit vrai , dit saint Thomas , que celui qui souffre volontiers pour Dieu , lui donne en cela une preuve de son amour , il le lui prouve mieux encore en se réjouissant avec lui dans l'oraison . Il est donc constant que l'union avec Dieu et la jouissance qui en résulte , sont un fruit commun aux citoyens du ciel et aux justes qui vivent sur la terre .

Il m'arrive encore parfois , dans l'oraison , de raisonner selon l'intelligence qui , m'est donnée , soit sur quelques paroles de la Sainte Écriture , soit sur les instructions que Dieu me donne intérieurement ; mais d'ordinaire je me tais et me repose .

Qu'ai-je besoin , en effet de rompre le silence?

Toutes choses parlent à Dieu dans ce monde , tout en moi est à nu devant ses yeux : mon coeur , mes facultés , mes puissances , ma science , mes pensées , mes voeux , mes efforts , ma fin .
D'un autre côté , ses regards sont si puissants qu'ils peuvent corriger mes défauts , enflammer mes désirs et donner des ailes à mon âme.
Je n'ai pas besoin non plus de stimuler sa volonté ; car il désire plus que moi mon bien et la gloire que je puis lui procurer par mes services et mon obéissance .

D'ailleurs , puisqu'il est mon guide dans la voie que je parcours , que puis-je faire de mieux que de le suivre en paix , me reposant sur la vérité de sa parole ?

Si je n'obtiens pas de que je cherche et désire , j'obtiens alors un plus grand bien , savoir , la conformité" de ma volonté avec son bon plaisir , et c'est là le but de ma vie et le terme auquel je ne dois cesser de tendre.

Pourquoi voudrais-je savoir ce qu'il me cache , marcher par une voie qu'il ne m'ouvre pas , ou avancer plus vite qu'il ne le veut ?
Si vous parvenez , fait dire à Dieu l'auteur de l'Imitation : " si vous parvenez à ne plus vous cherchez vous-même , mais moi seul , alors vous plairez beaucoup , et vous vivrez dans une grande joie.

Telle est ma disposition actuelle , et j'y trouve une consolation qui me persuade de ma laisser traiter comme il veut .



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