Avant de prendre ma plume, je me suis agenouillée devant la statue de Marie: celle qui a donné à ma famille tant de preuves des maternelles préférences de la Reine du ciel ; je l'ai suppliée de guider ma main, afin de ne pas tracer une seule ligne qui ne lui soit agréable............

Comme le dit saint Paul:" Dieu a pitié de qui il veut, et il fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde. Ce n'est donc pas l'ouvrage de celui qui veut , ni de celui qui court , mais de Dieu qui fait miséricorde." Thérèse de l'Enfant Jésus

vendredi 23 décembre 2011

Cette pauvreté de Dieu


Dieu
Cette pauvreté de Dieu, ce grésillement de la lumière dans la lumière ,
 ce murmure du silence au silence , c'est à ça qu'il parle ,
François d'Assise , quand il parle aux oiseaux
ou à Claire , la petite soeur d'insouciance.

Il est amoureux.
Quand on est amoureux ,
on parle à son amour et on ne parle qu'à lui seul .
Partout , toujours .
Et  , que dit-on à son amour ?
On lui dit qu'on l'aime ,
 ce qui n'est presque rien dire - sinon le presque rien d'un sourire ,
le balbutiement d'un serviteur à son maître qui le comble ,
qui le comble mille fois trop.

On a empaqueté quelques-unes de ses paroles dans un livre maigre ,
un livre de pauvre .
Des lettres sans beauté , des prières sans grâce ,
usées comme une chemise de pauvre trop souvent lavée , trop souvent ravaudée .
Des collages empruntés à la Bible .
Ici un morceau de psaume , là un autre morceau ,
ça tiendra bien comme ça ,
ça ira pour ce qu'on veut en faire : prier ,
 parler au vide pour que le vide nettoie votre parole .

Je T'aime.


Cette parole , quand elle file vers Dieu ,
 est comme une flèche enflammée qui s'enfonce dans la nuit ,
 et s'éteint avant de toucher la cible .

Je T'aime : voilà tout son propos ,
et cela ne pouvait donner un livre original , un livre d'écrivain .
L'amour n'est rien d'original .
L'amour n'est pas une invention d'auteur.

Il est avec son amour comme l'enfant devant le mur avec sa balle : il lance sa parole , la balle de parole lumineuse , le " je T'aime " enroulé sur lui-même , il la lance contre le mur éloigné de lui de tous les jours qu'il lui reste à vivre , il attend ensuite que la balle rebondisse , il lance des milliers de balles , aucune ne revient jamais , il continue , toujours souriant , confiant : le jeu est à lui-même sa récompense , l'amour est à lui-même sa réponse .

Si , quand même , il en dit un peu plus .
Il dit : je T'aime et je suis désolé de T'aimer si peu ,
de T'aimer si mal , de ne pas savoir T'aimer .
C'est que plus , il s'approche de la lumière ,
 et plus il se découvre plein d'ombres .

Plus il aime et plus il se connaît indigne d'aimer .

C'est qu'il n'y a pas de progrès en amour ,
 pas de perfection que l'on pourrait un jour atteindre.
Il n'y a pas d'amour adulte , mûr et raisonnable .
Il n'y a devant l'amour , aucun adulte ,
que des enfants que cet esprit d'enfance qui est abandon ,
 insouciance , esprit de la perte d'esprit .
L'âge additionne .
L'expérience accumule .
La raison construit .


L'esprit d'enfance ne compte rien , n'entasse rien , ne bâtit rien.
L'esprit d'enfance est toujours neuf ,
repart toujours aux débuts du monde , aux premiers pas de l'amour .
L'homme de raison est un homme accumulé , entassé , construit .
L'homme d'enfance est le contraire d'un homme
additionné sur lui-même : un homme enlevé de soi ,
renaissant dans toute naissance de tout .
Un imbécile qui joue à la balle.
Ou un saint qui parle à son Dieu .Ou les deux à la fois.

Il y a quelque chose dans le monde qui résiste au monde , et cette chose ne se trouve ni dans les églises ni dans les cultures , ni dans la pensée que les hommes ont d'eux-mêmes dans la croyance mortifière qu'ils ont d'eux mêmes en tant qu'êtres sérieux , adultes , raisonnables , et cette chose , n'est pas une chose mais Dieu et Dieu ne peut tenir de rien sans aussitôt l'ébranler , le mettre bas , et Dieu immense ne sait tenir que dans les ritournelles d'enfance , dans le sang perdu des pauvres ou dans la voix des simples et tous ceux- là tiennent Dieu au creux de leurs mains ouvertes , un moineau trempé comme du pain par la pluie , un moineau transi , criard , un Dieu piailleur qui vient manger dans leurs mains nues .


Dieu , c'est ce que savent les enfants , pas les adultes ............


Le Très Bas

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