Avant de prendre ma plume, je me suis agenouillée devant la statue de Marie: celle qui a donné à ma famille tant de preuves des maternelles préférences de la Reine du ciel ; je l'ai suppliée de guider ma main, afin de ne pas tracer une seule ligne qui ne lui soit agréable............

Comme le dit saint Paul:" Dieu a pitié de qui il veut, et il fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde. Ce n'est donc pas l'ouvrage de celui qui veut , ni de celui qui court , mais de Dieu qui fait miséricorde." Thérèse de l'Enfant Jésus

vendredi 8 octobre 2010

La joie de la confession

Alors parlons du sacrement de réconciliation et de pénitence. L'enseignement de l'Église ne ménage pas ses encouragements à en vivre. Les textes du magistère sont nombreux qui appellent à la confession régulière et fréquente, les saints sont nombreux à nous montrer l'exemple d'une pratique assidue de la confession. Et pourtant nous avons tant de mal à recevoir le sacrement de la miséricorde de Dieu.
Un professeur de séminaire rapporte que certains séminaristes estiment n'avoir besoin de se confesser qu'une fois l'an. Un évêque dit au même professeur qu'il tenait à la retraite sacerdotale diocésaine pour être ainsi quasi assuré de la confession annuelle de ses prêtres. Pourquoi est-il si difficile de recevoir fréquemment ce sacrement? Cela est difficile, comme le reste, quand on n'a pas eu la chance de l'apprendre en famille.

Puisse ce modeste article donner l'élan nécessaire aux familles pour qu'en elles, chacun vive plus aisément du sacrement de réconciliation et de pénitence.
Le sens du mot « confession ».
C'est la proclamation. L'hagiographie nous présente les confesseurs de la foi; ces hommes et ces femmes qui ont proclamé la foi jusqu'au martyre. Ils ont dit haut et fort, publiquement, leur attachement indéfectible au Seigneur qui les sauve. Il est bon de se rappeler que la foi est le point de départ de la vie chrétienne; c'est la première parole du chrétien avant d'entrer dans l'Église. En effet, lorsqu'il demande le baptême (ce, dans les deux formes du rite romain) : « Que demandez-vous à l'Église de Dieu ? -La foi ! » Et la proclamation de la foi est aussi la nécessité de la vie chrétienne. Ne répétons-nous pas justement que l'Église est missionnaire ou qu'elle n'est pas? L'être chrétien pousse automatiquement et nécessairement à la mission. En tout premier lieu, la confession est d'abord la confession de la foi: l'annonce de l'adhésion plénière à Jésus Sauveur des hommes d'une part et la proposition de la foi d'autre part.

En deuxième lieu, dans la vie du chrétien, la confession est proclamation des mirabilia Dei, des merveilles de Dieu. Ne parle-t-on pas des sacrifices d'action de grâce (Ps 50, 14). Saint Paul demande à tous ses destinataires d'épîtres de rendre grâce en tout lieu, en tout temps et pour toute chose (1 Th 5, 18). Le psalmiste affirme qu'il chantera éternellement les miséricordes du Seigneur (Ps 89, 2). La Vierge Marie offre à l'Église le Magnificat; et tous les soirs à vêpres, les fidèles chantent leur reconnaissance quotidienne au Seigneur avec le cantique évangélique marial. Avec la mission, il est admis que l'action de grâce est un trait particulier de l'être chrétien. Toutefois ce qui va de soi en bonne logique n'est pas vécu ordinairement. Dans l'Évangile, nous voyons bien Jésus s'étonner qu'un seul lépreux sur dix - samaritain qui plus est - vient lui rendre grâce pour la guérison (Lc 17, 17).

Enfin en troisième lieu, la confession est la proclamation de ses péchés. Il s'agit de les proclamer afin de recevoir malgré tout la miséricorde du Seigneur. Je rendrai grâce en confessant mon péché. Et nous connaissons tous le magnifique psaume cinquante. L'homme meurtri par son péché demande la miséricorde du Seigneur afin de vivre en sa présence et de proclamer sa justice. Il est étonnant de constater que la confession des péchés conduit à la confession de la foi tout comme à la confession des mirabilia Dei.

Habituellement, le pénitent a largement de quoi discerner ses péchés à l'évocation des sept péchés capitaux ou des dix commandements (que tout lecteur connaît bien); cependant, il n'a pas appris à discerner la fécondité de la grâce. Ne disons-nous pas que le juste pèche sept fois le jour? Et il est enseigné par l'Apôtre que là où le péché abonde, la grâce surabonde (Rm 5, 20). Alors, en extrapolant à partir des paroles de Jésus, il est convenable d'affirmer que le Seigneur accorde à ses disciples non pas trois ou sept grâces quotidiennes mais bien sept fois soixante-dix fois sept! En définitive, c'est un grave péché par omission de les ignorer.

A propos du péché par omission remarquons qu'il doit être le plus grave. Le confiteor semble placer les péchés par ordre de gravité: quia peccavi nimis cogitations, verbo, opère et omissione. Penser que son épouse est une cruche est grave, le lui dire l'est davantage, casser la cruche plus grave encore ; mais ne pas offrir de fleur à ce vase d'élection qu'est son épouse est bien le pire (notons que « son épouse » est interchangeable avec « son évêque » et bien d'autres personnes...) A l'aune du crescendo qui va de la pensée à l'action, nous pouvons établir une échelle des péchés par omission: ne pas penser aux mirabilia Dei dont nous sommes bénéficiaires est grave, ne pas dire merci au Seigneur l'est davantage et ne pas aller le remercier (en allant à la messe par exemple ou en se confessant), cela est bien le pire.

Avant tout, il suffit de savoir que le Seigneur a inventé ce sacrement de la réconciliation pour déverser sa miséricorde sur le monde par le biais de chacun de nos cœurs. Ainsi, à chaque confession, outre la joie du pénitent, il y a la joie incomparable du Père des miséricordes qui se complaît à bénéficier d'un cœur repenti pour inonder le monde de son amour. Bonum diffusivum sui! L'amour transmis et reçu se répand à l'infini. Cela aussi est œuvre d'évangélisation.


Abbé Emeric de Rozières

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