par dom Victor -
Pour vivre en frères et sœurs, dit le document romain sur la vie fraternelle, il faut parcourir un vrai chemin de libération intérieure[i]; j’ajouterai que l’on avance sur ce chemin par la confiance. Mais le texte reconnaît que ce chemin de conversion, du vieil homme qui tend à se fermer sur soi à l’homme nouveau qui se donne aux autres, est long et pénible. Il est bon, en début d’année, de s’examiner sur la qualité de notre vie fraternelle. Elle est le lieu de notre véritable combat en même temps que la vérification de la qualité de notre prière. Si notre prière est une relation avec Dieu, si elle procède d’une vraie charité elle se traduira en accueil de l’autre et en cette écoute qui est obéissance à Dieu comme à l’autre. Le Cal Daniélou nous disait que le critère d’une civilisation était sa capacité de passer de la peur de l’autre à l’hospitalité. Tous les conflits actuels proviennent d’une peur de l’autre. Et cette méfiance qui s’insinue partout met en danger notre civilisation même. Pour qu’elle ne mette pas en danger notre vie communautaire, il faut, comme me disait Philippe l’autre jour, monter sur le toit pendant qu’il fait beau. Quand il fera mauvais temps ce sera trop tard.
Aussi, demandons-nous, en ce début d’année où en est notre confiance mutuelle par rapport à l’année passée et comment augmenter, approfondir, faire davantage rayonner cette confiance. Nous le souhaitons tous car tous nous avons besoin de confiance pour vivre heureux, pour goûter la joie du cœur. Alors, pourquoi nous laissons-nous surprendre parfois à être agressifs, violents, intolérants, irrités ou tout simplement critiques vis-à-vis des autres ?
1) Aux sources de la confiance
Le document romain que je citais dit que chez les contemplatifs la vie fraternelle prend des dimensions très vastes et très profondes, qui dérivent de l’exigence fondamentale de leur vocation spéciale, c’est-à-dire la recherche de Dieu seul dans le silence et la prière. Leur attention prolongée à Dieu rend particulièrement délicate et respectueuse leur attention aux autres membres de la communauté, et la contemplation devient une force libératrice de toute forme d’égoïsme (n.10). Je le souhaite mais en est-il toujours ainsi ? Correspondons-nous à ce portrait qui peut paraître idéalisé ? Le texte a soin d’ajouter : Quand on oublie cette dimension mystique et théologale, liée au mystère de la communion divine présente et communiquée à la communauté, on en vient irrémédiablement à oublier aussi les raisons profondes de vivre en communauté, de construire patiemment la vie fraternelle (n.12).
La grâce de Noël renouvelle chaque année notre regard sur l’humanité : la nôtre et celle du prochain. Nous sommes invités à voir en toute réalité humaine une dimension sacramentelle qui nous manifeste Dieu. Cette dimension sacramentelle, c’est précisément ce mystère de la communion divine présente et communiquée à la communauté.
Un texte du père Liégé sur le vrai sens du péché disait ceci : Celui qui pèche n’a ni vu ni connu Jésus Christ. C’est donc par rapport à l’intimité de vie avec Jésus Christ qu’intervient, comme une infidélité personnelle, le péché…Être enfant de Dieu, pratiquer la sainteté, imiter Jésus Christ le Saint, aimer ses frères : c’est tout cela que contredit le péché. Et pas seulement des lois, fussent-elle divines. Et pas seulement un idéal, fut-il des plus généreux. Il faut avoir entrevu que Dieu est Saint, que le Christ est Saint, que le chrétien est appelé à être saint comme Dieu en imitant son chef Jésus Christ, pour comprendre la vraie réalité du péché. Ainsi, quand je pèche, je contredis en moi l’emprise de l’Esprit du Christ et la loi intérieure d’imitation du Christ qui doit animer toute mon existence.
Être enfant de Dieu, pratiquer la sainteté, imiter Jésus Christ le Saint, aimer ses frères, tout cela se tient, tout cela ne fait
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