L'automne 1182 , en Italie.
Une phrase venue du fond des siècles
tournoie dans l'air ,
flotte un instant au-dessus d'une maison
dans la ville d'Assisse ,
puis fond sur un nouveau-né
endormi dans son berceau .
Aucune modification des apparences .
Personne n'a rien vu .
L'enfant ne s'est pas éveillé .
C'est toujours par un sommeil
que les grandes choses commencent .
C'est toujours par le plus petit côté
que les grandes choses arrivent .
Il y a peu d’évènements dans une vie .
Les guerres , les fêtes et
tout ce qui fait du bruit ne sont pas des évènements .
Elle survient sans prévenir , sans éclat .
L’évènement a la forme d'un berceau .
Il en a la faiblesse et la banalité .
L’évènement est le berceau de la vie .
On n'assiste jamais à sa venue .
On n'est jamais contemporain de l'invisible .
Ce n'est qu'après coup ,
ce n'est que longtemps après qu'on devine
qu'il a dû se passer quelque chose .......
Christian Bobin
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