Avant de prendre ma plume, je me suis agenouillée devant la statue de Marie: celle qui a donné à ma famille tant de preuves des maternelles préférences de la Reine du ciel ; je l'ai suppliée de guider ma main, afin de ne pas tracer une seule ligne qui ne lui soit agréable............

Comme le dit saint Paul:" Dieu a pitié de qui il veut, et il fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde. Ce n'est donc pas l'ouvrage de celui qui veut , ni de celui qui court , mais de Dieu qui fait miséricorde." Thérèse de l'Enfant Jésus

samedi 25 juin 2011

Mon prêtre, par Thierry Bizot

J’ai longtemps été sévère avec les prêtres et l’Eglise en général.

Aujourd’hui encore, même si je me sens un vrai catholique (qui veut dire « universel »), il me reste des vestiges de méfiance ; cette méfiance me rapproche d’ailleurs des catholiques non pratiquants qui se montrent parfois hostiles à l’Eglise, lui reprochant avec véhémence toutes sortes de choses plus ou moins justifiées, mais qui se résument souvent à un amour déçu avec cette même Eglise, l’Eglise de leur enfance. Quand ils viennent me parler, ils sentent que je peux les comprendre, que je ne vais pas essayer de les écraser par des arguments bien sentis, ou de les convaincre, mais simplement les écouter, sans les juger.

Je crois que cette méfiance m’est venue d’une déception des prêtres de mon enfance. Je n’ai sans doute pas eu la chance d’en rencontrer un qui m’ait marqué, touché, ému. Ils étaient là, je les respectais, confusément, sans trop savoir pourquoi. Si, ils avaient une relation particulière avec Dieu, ce grand inconnu représenté sur le plafond de l’église par un peintre naïf et peu avare de couleurs criardes.

Plus tard je suis sorti de l’Eglise, du « système », pour voler, du moins le croyais-je, de mes propres ailes, dans un grand élan d’émancipation.

Quand Jésus est entré dans ma vie, bien plus tard, j’ai retrouvé le chemin de la messe dominicale. J’étais fraîchement ému de ma relation personnelle avec Jésus, qui m’émerveillait, me mettait en joie.

Dans l’euphorie de mes retrouvailles avec Jésus (un peu comme celles du fils prodigue qui revient au bercail), j’ai accordé une plus grande indulgence aux prêtres qui se succédaient les dimanches. J’ai cessé de les juger.

Alors Jésus m’a fait un nouveau cadeau. Il m’a guidé, par l’entremise d’un ami, vers une petite paroisse que je connaissais mal, dans laquelle je n’étais même jamais entré, alors que c’était dans la salle paroissiale attenante que j’avais fait l’expérience de ma catéchèse. C’est une toute petite église, toute grise, toute laide. L’intérieur n’était pas beaucoup mieux. Jésus m’invite toujours dans des endroits qui me paraissent au premier abord assez sinistres.

Mais…

A l’intérieur, nous sommes invités par un vieux prêtre, un grand gaillard vaillant, malgré une démarche bancale qui incite ses paroissiens à suivre ses déplacements improbables avec une inquiétude discrète ; il a une grande tête aux cheveux ras et brousailleux, un long nez racé et un regard clair et pétillant, deux yeux qui frisent et voient tout. Il a deux mains immenses, qu’il déplace avec douceur. Quand il les pose sur notre front, on peut sentir sa bonté. Il a souvent des problèmes de micro imaginaires et des inquiétudes logistiques dont il fait un spectacle amusant. Il a beaucoup d’humour et de simplicité quand il nous donne son homélie. Il réussit à se faire écouter par tous.

Et puis surtout, on sent qu’il nous aime.

Depuis que je le connais, j’attends chaque dimanche avec impatience. C’est une joie que d’aller le retrouver.

Je tremble égoïstement à l’idée qu’il prenne sa retraite.

Alors aujourd’hui je voulais lui rendre un hommage et y inclure tous ces prêtres qui ne font pas seulement bien leur travail, mais qui chaque semaine nous donnent leur âme.

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