Avant de prendre ma plume, je me suis agenouillée devant la statue de Marie: celle qui a donné à ma famille tant de preuves des maternelles préférences de la Reine du ciel ; je l'ai suppliée de guider ma main, afin de ne pas tracer une seule ligne qui ne lui soit agréable............

Comme le dit saint Paul:" Dieu a pitié de qui il veut, et il fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde. Ce n'est donc pas l'ouvrage de celui qui veut , ni de celui qui court , mais de Dieu qui fait miséricorde." Thérèse de l'Enfant Jésus

lundi 5 mars 2012

De la joie et du kif...


La joie est une honte. Quand on voit cette misère autour de nous, comment pourrait-on se réjouir ? Dolorès V.
Chère Dolorès, oserai-je dire que c’est avec joie que je déplore avec vous tous ces plaisirs frivoles dans lesquels se roule le monde ? Nous savons combien la rigolade peut sentir l’ignorance ; les gloussements suer l’angoisse ; les « petits bonheurs » se fonder sur le mépris. Et je ne parle pas de la dérision méchante, qui a du moins le mérite de sa franchise. Je parle du gentil fun ou du kif mignon qui sont toujours déjà flétris par leur refus de la lucidité tragique et par leur fuite lâche à l’heure du combat contre l’injustice et la mort… Mais remarquez que si la vérité des choses se trouve dans les larmes, votre conscience ne peut prendre un certain plaisir à ce que vous teniez dans cette vérité, en sorte que vous ne sauriez pleurer sans quelque joie.
Deux autres observations. Rejeter la joie au nom de la compassion, c’est au final collaborer à l’empire de la douleur. Vous devenez complice du mal et lui décernez la couronne. En vérité, c’est parce que nous sommes faits pour la vraie joie que les joies fausses et les vraies misères nous sont si odieuses. Et la seule manière de lutter contre ces joies fausses et ces vraies misères consiste à accueillir et à communiquer une joie lucide, forte comme la mort, dure contre l’injustice.
Par ailleurs, si nous versons si souvent dans cette injustice, n’est-ce point par ingratitude et par rapacité d’avoir encore et plus ? Or, qu’est-ce qui peut nous guérir de cette rapacité d’avoir, sinon la joie d’être ? Bien sûr, cette allégresse nue, cette joie sauvage d’exister nous semble désormais aussi loin que le « vert paradis des amours enfantines ». Afin de l’éprouver dans sa force, il faudrait se laisser assez dépouillé pour vivre dans la source jaillissante de Celui qui est et qui se donne. Aussi Notre-Dame des Douleurs – d’où vient votre prénom, Dolorès- ne connait-elle d’autres douleurs que d’enfantement. Elle souffre « par » la joie d’être épouse et « pour » la joie d’être mère. La croix ne la tient si violemment que dans cette joie de recevoir et de donner la vie.
Fabrice Hadjadj, Panorama, Mars 2012

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