L'histoire de ce jeune homme riche est peut-être une des pages les plus touchantes de l'évangile. Le jeune homme riche a observé, a gardé les commandements du Seigneur, mais il s'en va triste à la parole que Jésus lui dit, de vendre tous ses biens, qu'il aura ainsi un trésor dans les cieux, et de lui demander de le suivre, lui Jésus. Cet épisode entraîne ainsi le dialogue entre les apôtres et Jésus, sur le fait d'abord que Jésus menace tous ceux qui sont riches d'avoir beaucoup de difficultés d'entrer dans le Royaume des cieux, et ainsi, Pierre se demande qui peut être sauvé. Pierre avait-il peur pour ses richesses ? On imagine difficilement qu'un pêcheur de Galilée ait autant de richesses que cela semble le laisser supposer à cette parole de Pierre ?
Il y a des richesses multiples, et Pierre aussi, si ce n'est matériellement, peut être riche aussi spirituellement, ou intellectuellement. Comme d'ailleurs chacun d'entre nous, nous avons nos propres richesses, mais là où le bât blesse, c'est dans la manière dont nous vivons ces richesses, ou en renversant la question la manière dont nous vivons le manque qui est le nôtre, quelles que soient les richesses que nous possédons, nous pouvons faire l'expérience de cela. Il me semble que c'est ce que vit le jeune homme riche, dans la manière de poser ses questions, on le sent comme avoir un instinct très développé de possession et de difficulté par rapport au manque : il demande comment il peut "obtenir" la vie éternelle, et Jésus parle lui, "d'entrer" dans la vie éternelle, et quand Jésus lui parle des commandements, il dit qu'il les a "gardés", encore un verbe qui signifie la possession, le fait qu'il a toujours besoin d'avoir plus. C'est vrai, lorsque Jésus lui dit qu'il l'appelle radicalement à une autre manière de vivre, à la pauvreté, il veut lui apprendre ce que c'est que posséder la vie éternelle.
C'est important, parce que d'abord pour le jeune homme riche, le fait d'observer les commandements et d'être béni par Dieu dans une matérialité très concrète, avoir des biens, avoir une épouse, avoir des enfants, c'était le signe même de cette bénédiction de Dieu, et ce jeune homme riche interprétait sa richesse dans le fait de garder les commandements, comme le fait que Dieu l'aimait, s'intéressait à lui, et qu'il était vraiment béni par ce que Dieu peut donner de meilleur aux hommes. Mais Jésus le rappelle à l'essentiel : on ne possède jamais la bénédiction de Dieu, on ne possède jamais la sainteté de Dieu. Pour nous c'est une leçon, nous ne sommes pas sûrs d'être sauvés parce que nous ne possédons pas le salut, parce que nous ne possédons pas Dieu, nous ne pouvons pas l'emprisonner dans nos idées ou dans nos conceptions, nous ne pouvons pas garder Dieu ou croire qu'Il est partie intégrante de notre vie parce que nous aurions observé ou gardé dans une morale ou dans une éthique propre à la bonne conscience chrétienne tout ce que le Seigneur nous aurait demandé à travers les devoirs, les commandements, ou les règles.
Finalement, ce à quoi le Seigneur nous appelle, c'est toujours à nous dire et à nous faire comprendre qu'il faut savoir dans notre vie, gérer le manque, l'absence, le silence, ou encore avoir à vivre cette véritable béatitude qu'est la pauvreté du cœur. Rien de ce que nous pouvons posséder, que ce soit du matériel ou spirituel, ne peut ni combler, ni nous faire avoir un quelconque pouvoir sur Dieu afin qu'Il nous bénisse ou qu'Il nous fasse grâce. La grâce que Dieu donne est toujours entièrement libre, gratuite, sans possession, elle ne s'achète pas. L'homme ne peut rien pour obtenir la grâce et la vie de Dieu. La seule manière de la posséder, c'est de ne rien posséder, que cette pauvreté du cœur, et ainsi non pas d'obtenir la vie éternelle, mais d'entrer avec Dieu dans sa Pâque pour recevoir ce Royaume et vivre de sa miséricorde dont nous sommes ceux qui la recevons, alors que nous ne la méritons pas.
AMEN
Matthieu 19, 16-30
Homélie du Frère Bernard MAITTE
Il y a des richesses multiples, et Pierre aussi, si ce n'est matériellement, peut être riche aussi spirituellement, ou intellectuellement. Comme d'ailleurs chacun d'entre nous, nous avons nos propres richesses, mais là où le bât blesse, c'est dans la manière dont nous vivons ces richesses, ou en renversant la question la manière dont nous vivons le manque qui est le nôtre, quelles que soient les richesses que nous possédons, nous pouvons faire l'expérience de cela. Il me semble que c'est ce que vit le jeune homme riche, dans la manière de poser ses questions, on le sent comme avoir un instinct très développé de possession et de difficulté par rapport au manque : il demande comment il peut "obtenir" la vie éternelle, et Jésus parle lui, "d'entrer" dans la vie éternelle, et quand Jésus lui parle des commandements, il dit qu'il les a "gardés", encore un verbe qui signifie la possession, le fait qu'il a toujours besoin d'avoir plus. C'est vrai, lorsque Jésus lui dit qu'il l'appelle radicalement à une autre manière de vivre, à la pauvreté, il veut lui apprendre ce que c'est que posséder la vie éternelle.
C'est important, parce que d'abord pour le jeune homme riche, le fait d'observer les commandements et d'être béni par Dieu dans une matérialité très concrète, avoir des biens, avoir une épouse, avoir des enfants, c'était le signe même de cette bénédiction de Dieu, et ce jeune homme riche interprétait sa richesse dans le fait de garder les commandements, comme le fait que Dieu l'aimait, s'intéressait à lui, et qu'il était vraiment béni par ce que Dieu peut donner de meilleur aux hommes. Mais Jésus le rappelle à l'essentiel : on ne possède jamais la bénédiction de Dieu, on ne possède jamais la sainteté de Dieu. Pour nous c'est une leçon, nous ne sommes pas sûrs d'être sauvés parce que nous ne possédons pas le salut, parce que nous ne possédons pas Dieu, nous ne pouvons pas l'emprisonner dans nos idées ou dans nos conceptions, nous ne pouvons pas garder Dieu ou croire qu'Il est partie intégrante de notre vie parce que nous aurions observé ou gardé dans une morale ou dans une éthique propre à la bonne conscience chrétienne tout ce que le Seigneur nous aurait demandé à travers les devoirs, les commandements, ou les règles.
Finalement, ce à quoi le Seigneur nous appelle, c'est toujours à nous dire et à nous faire comprendre qu'il faut savoir dans notre vie, gérer le manque, l'absence, le silence, ou encore avoir à vivre cette véritable béatitude qu'est la pauvreté du cœur. Rien de ce que nous pouvons posséder, que ce soit du matériel ou spirituel, ne peut ni combler, ni nous faire avoir un quelconque pouvoir sur Dieu afin qu'Il nous bénisse ou qu'Il nous fasse grâce. La grâce que Dieu donne est toujours entièrement libre, gratuite, sans possession, elle ne s'achète pas. L'homme ne peut rien pour obtenir la grâce et la vie de Dieu. La seule manière de la posséder, c'est de ne rien posséder, que cette pauvreté du cœur, et ainsi non pas d'obtenir la vie éternelle, mais d'entrer avec Dieu dans sa Pâque pour recevoir ce Royaume et vivre de sa miséricorde dont nous sommes ceux qui la recevons, alors que nous ne la méritons pas.
AMEN
Matthieu 19, 16-30
Homélie du Frère Bernard MAITTE
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